REUNION (LA) (974) 15.08.1997

Summary
Observations de longue durée d'un phénomène lumineux semblant suivre un des témoin sur son trajet en véhicule : méprise astronomique de Jupiter.
Description
Le GEIPAN continue à publier l'ensemble de ses archives sur son site public www.geipan.fr. Dans ses publications, figurent des cas anciens classés à l'époque et qui font aujourd'hui l'objet d'un réexamen, dans le seul but d'être plus pertinent dans les conclusions. Grâce à de nouveaux moyens techniques (logiciels) et à l'expérience d'enquête acquise depuis toutes ces dernières années, ce réexamen aboutit quelquefois à de nouvelles remarques voire à un changement de classification.
Ce cas d'observation fait partie de cas classés « D » et précédemment nommé SAINT-ANDRE (974) 1997.
Le 15 aout 1997 vers 5h du matin un marchand ambulant (T1) faisant sa tournée sur la commune de Saint-André observe un objet lumineux stationnaire à une quarantaine de mètres du sol. Il constate par la suite que le phénomène le suit et prend peur. Arrivé à Bras-Panon, il réveille sa sœur (T2) et sa famille et tous constatent la présence du PAN. Depuis cette date, le T2 dit observer régulièrement le PAN lorsqu'il fait beau mais beaucoup plus loin.
T1 ne donne pas d'information sur la position du PAN, celle-ci ne peut être déduite que de la déclaration de T2. Le phénomène décrit porte des indices forts en faveur d'une observation d'un objet astronomique, en effet :
- pour T1, on note les traits du "du PAN suiveur" (illusion perceptive dûe au propre déplacement du témoin, lorsque l'origine du PAN est très loin, cas d'un astre). En effet, le PAN semble s'arrêter quand le témoin est stationné, et reprendre sa course quand il redémarre. Cette perception est génératrice de forte émotion (avec peut être l’idée ou hypothèse d’avoir à faire à une « intelligence »).
- Pour T2, on note que le PAN est plusieurs jours au même endroit dans le ciel à la même heure.
Ce qui est décrit, comporte aussi des étrangetés qui pourraient en apparence s'opposer à l'hypothèse d'un astre :
T1 perçoit le PAN (au moins au départ de son observation) selon une forme "presque comme une tortue", "avec des phares". La perception qu'en a T2 est différente et moins étrange: "mon frère est venu me faire réveiller vers cinq heures cinq heures trente, et il nous a dit regarde dans le ciel, il y a une grosse lumière. Il nous a dit qu'il l'avait vu de près, que cela était passé au-dessus de sa tête. Il avait très peur lorsqu'il est arrivé à la maison. Mon mari mon fils et moi avons regardé dans la direction qu'il nous montrait, (Salazie) et nous avons observé très longtemps, une lumière très étincelante, parfois elle se déplaçait sur la droite, parfois sur la gauche, la lumière parfois était très forte et parfois elle faiblissait". Pour autant, T1 est bien certain que T2 et sa famille observent le PAN puisqu'il dit : "Je leur ai raconté ce que je venais de voir, et ils sont sortis dehors avec moi accompagnés de leur fils âgé de dix-sept ans pour observer l'objet. Tous l'ont vu, il ne bougeait pas de place, la forme c'était un peu difficile à discerner, mais les deux phares se voyaient très bien. Nous sommes restés à l'observer jusqu'à cinq heures cinquante, heure à laquelle je suis parti pour poursuivre ma tournée. L'engin n'a jamais bougé de place. Le reste de la famille est resté à observer jusqu'à la disparition de l'appareil, ils m'ont dit qu'il aurait plongé d'un seul coup derrière une falaise qui sont nombreuses dans la zone de Salazie."
Pour T2, ce qui distingue le PAN d'une étoile est ceci " c'est bien trop gros, en regardant, il y a comme des rayons autour", plus éventuellement le fait du déplacement décrit ci-dessus. Mais T2 précise aussi ceci : "Depuis cette date, la chose mystérieuse est toujours là, lorsqu'il y a beau temps. Vers les dix-huit trente quand la nuit tombe, on voit le phénomène brillant. Il est toujours au même endroit, et on observe des petites lumières colorées (rouge, vert, orange) qui semblent quitter la boule ou provenir de cette direction et partir en direction de la mer et après on ne voit plus. On voit cette chose très haut dans le ciel et on ne peut pas distinguer exactement ce que c'est. Lorsque T1 est venu nous réveiller, on a regardé le phénomène, il se trouvait à la même hauteur que l'on voit les autres jours. Je ne pourrais pas le dessiner, je pense qu'avec des jumelles on aurait plus de chance de mieux voir et de distinguer de quelle nature l'objet est fait".
Ce que décrit T2, comme présent tous les jours à 18H30 et disparaissant ensuite, est comme le PAN de 5H ("la chose mystérieuse est toujours là") et donc situé vers l'Ouest (T2 décrit le PAN de 5H "dans la direction de Salazie" qui est vers l'Ouest en Azimut 250° depuis le lieu de T2). Il s'agit sans équivoque de Vénus, qui devient effectivement visible à 18H30 bas sur l'horizon pour se coucher ensuite. La méprise de T2 avec Vénus est assez classique (voir site www.geipan.fr recherche de cas avec mot clef Venus), souvent provoquée, comme ici, par la forte luminosité et les couleurs changeantes (traversée par les rayons lumineux de l'atmosphère à basse élévation). Le PAN vu par T2 et T1 à 5H le 15 Aout est décrit par T2 comme présent le soir à 18H30. Et effectivement, à 5H au même endroit dans le ciel que Vénus à 18H30, il y a Jupiter (à peine 20° d’écart entre les deux astres, élévation proche vers 20 °) et Jupiter brille plus que toutes les étoiles, presque autant que Vénus (magnitude -2,8 contre magnitude -3,9) et peut présenter les mêmes aspects de lueurs changeantes (Voir le document de reconstitution).
Le PAN vu par T1 et T2 à 5H est donc en toute certitude Jupiter.
L'autre étrangeté particulière décrite par T2, de légers mouvements du PAN, est un phénomène de perception bien connu dit d'autocinétique (voir l'article sur l'effet autocinétique). L'étrangeté forte décrite par T1 (tortue avec phares) ne trouve pas d'explication objective définitive, sans être de nature à remettre en question l'hypothèse Jupiter vu la coïncidence des autres éléments. T1 indique que lors de l’observation commune avec T2, la forme était difficile à discerner mais que "les deux phares se voyaient très bien", alors que T2 ne décrit qu'une lumière étincelante dont la lueur était forte ou pouvait faiblir. Il y avait peut-être des voiles nuageux, à l'origine pour T2 de la variation de lueur et pour T1 d'une forme floue et variable (peut-être moins lors de la première observation) autour de la lueur. La double lueur vue par T1 peut résulter d'une aberration optique provoquée par les verres de lunettes (on ne sait pas si le témoin en portait), cette aberration est classiquement provoquée par les vitres et pare-brise de véhicule, ce qui a pu opérer dans la première phase d'observation et fixer le souvenir aussi dans la deuxième phase, s'il ne s'agit pas des lunettes pour les deux phases. La forte peur de T1 (probablement liée à l'illusion de la boule suiveuse) et décrite par T2 ("il avait très peur lorsqu'il est arrivé à la maison") a pu altérer la qualité de perception et activer des mécanismes d’interprétation (engin, phares).
Cette observation est intéressante à plus d'un titre :
- l'étrangeté que peut créer l'observation d'un astre très lumineux du fait des phénomènes physiques ou humains qui peuvent se rajouter (éclatement des couleurs par l’atmosphère, formes suscitées par un voile nuageux, autocinétique, illusion de la boule suiveuse,..).
- différences de perceptions et d'étrangeté vécue selon les témoins pour une même observation.
- possible effet de contamination de l'étrangeté. Il est probable que T2 a trouvé plus étrange ce qui était vu tous les soirs à 18H30 après l'alerte crée par son frère avec le PAN de 5h du matin.
En conséquence le GEIPAN classe le cas en A: observation de Jupiter.